Il y a tout un sujet de réflexion à faire sur ce qui divise les Tunisiens, sur ce qui les désunit. Sur ce qui dégrade, voire décompose la société.
Il était fréquent de voir des hommes politiques, pourtant appréciés par la majorité des Tunisiens, manquer leur mission, se démarquer de la noblesse et du devoir que représentait justement l’action politique. Ils étaient pourtant appelés à jouer un rôle essentiel dans la construction, non seulement d’un nouveau paysage politique, mais aussi et surtout d’une société plus humaine, plus accomplie et plus éveillée.
Dans un paysage dénaturé, transformé en lieu de comportements évitables, les excès étaient devenus courants tout le long des dix années qui avaient suivi la révolution.
Aujourd’hui, il y a beaucoup de leçons à retenir, notamment par rapport à tout ce qui a été gâché pendant cette décennie noire. La société dans son ensemble n’a pas échappé aux maux qui affectaient l’environnement politique.
Sur fond de dégradation accélérée, elle offre aujourd’hui les contours d’une étonnante régression. D’un abandon évident des principes et des fondamentaux.
Il y a tout un sujet de réflexion à faire sur ce qui divise les Tunisiens, sur ce qui les désunit. Sur ce qui dégrade, voire décompose la société. Responsables et citoyens, voici qu’apparaît devant chacun des manquements sur lesquels les débats sont plus que jamais ouverts…Gérer les débordements et les irrégularités induit tellement de choses que les hommes honnêtes, s’il en reste encore, doivent savoir par quel bout il convient de remettre chacun à sa place et faire face aux excès qui n’en finissent pas. Ou encore s’opposer à ceux qui en sont devenus même des guides et des modèles et sur lesquels un bon nombre de tunisiens, irresponsables, s’identifient. Qu’on se le dise : contrairement à ce que l’on espérait après 2011, la société tunisienne manque toujours de morale. Ceux qui sont censés être dés éducateurs ne donnent pas l’exemple. Ils ne montrent pas la voie. Ils ne servent plus de modèle. Surtout lorsque leurs actes et leur comportement se substituent aux règles de bonne conduite. Et cela a fini, tout au bout de cette chaîne, par rendre légitime un manquement moral ou des erreurs caractérisées !
Une société égarée
Les valeurs sociétales, respect des autres et des règles, sont autant de repères que la société Tunisienne est en train d’abandonner, voire de perdre, surtout lorsque s’y installent la fausseté, l’hypocrisie, et bien entendu l’injustice.
Il est évident qu’avec l’émergence de nouveaux rapports, où tout doit être évalué en termes d’intérêts politiques, partisans et même illégaux, on ait substitué des normes de transparence à des normes arbitraires, indéchiffrables et mystérieuses. Ce qui devrait être régi par l’éthique bascule ainsi dans l’illégal.
On n’est pas là évidemment dans une comparaison absurde des défaillances et des déficiences, mais bien dans l’affirmation essentielle que les valeurs sociétales n’auront plus aucun sens si leur éthique fondamentale n’est pas respectée.
Triste réalité. Mais c’est malheureusement la face qui n’est plus aujourd’hui cachée de la société tunisienne, minée par une dénaturation existentielle et dans laquelle se profilent les dessous d’un environnement désorganisé, décomposé.
Peut-on aujourd’hui faire face à autant de contraintes qui s’accumulent de plus en plus ?
Tant que les contraintes continuent à peser et à conditionner notre quotidien, tant qu’on ne trouve pas les solutions adéquates et tant qu’on ne prend pas les décisions nécessaires, les besoins et impératifs des Tunisiens resteront ignorés, notamment sous l’effet d’arguments erronés. Le fait est là : l’on continue à se tromper de priorités, mais aussi de conjonctures et d’opportunités.
C’est pratiquement à tous les niveaux qu’il faudrait aujourd’hui craindre les dépassements qui dénaturent la société tunisienne. Là est sans doute le danger qui guette la Tunisie, tout particulièrement à travers les comportements abusifs et défaillants, ou même les relents récurrents à l’absence de morale.
L’impératif de la recomposition des primeurs entraîne nécessairement des obligations dans la gestion et dans les prises de décision. Il est temps de mettre en place un ensemble de démarches à mener afin de valoriser les comportements liés à la bonne conduite et à sa dimension morale et humaine.
La mise à l’écart des opportunistes politiques, des spéculateurs dont les pratiques à travers les circuits de distributions appauvrissent les Tunisiens, mais aussi l’affirmation des principes, le respect des valeurs, telles sont les vertus à retrouver dans une société tunisienne égarée.